De 1975 à 1986, la photographe allemande Sibylle Bergemann a accompagné l’élaboration du monument à Marx et Engels à Berlin-Est. Ce projet, formulé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la création de la République démocratique allemande (RDA), est finalement confié en 1973 au sculpteur Ludwig Engelhardt, qui s’entoure de plusieurs autres artistes.
Bergemann travaille d’abord de façon informelle, puis obtient une commande du ministère de la Culture en 1977. Pendant onze années, elle photographie les étapes du processus, des premières maquettes jusqu’à l’inauguration du monument, le 4 avril 1986.
Malgré la publication, dès 1983, de certaines images dans la presse et leur présentation dans une exposition officielle, ce n’est qu’une fois la commande achevée que Bergemann se réapproprie pleinement le fruit de son travail. Parmi plus de 400 pellicules développées, elle retient douze photographies, réunies sous le titre Das Denkmal (Le Monument). Celles-ci révèlent un langage visuel aux antipodes des canons officiels. Dans une perspective post-communiste, la déconstruction des héros et l’ironie à l’œuvre ont un caractère préfigurateur. Pourtant, nul ne pouvait prédire la chute du mur de Berlin, deux ans plus tard. S’appuyant sur une objectivité rigoureuse, Bergemann a su éviter la censure et traduire de façon laconique mais implacable l’obsolescence d’une idéologie.
Das Denkmal (Le Monument) réunit pour la première fois l’intégrale de la série photographique de Sibylle Bergemann documentant la création du Monument Marx-Engels, érigé à l’initiative du gouvernement de la RDA en 1986, non loin de l’Alexanderplatz à Berlin. Cette publication présente de nombreuses photographies inédites et ouvre une nouvelle perspective sur l’un des ensembles d’œuvres les plus importants de la photographe.
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