Toutes les Expositions
Couverture originale du «Scrapbook» . Collection Fondation HCB
Page originale du «Scrapbook», Henri Matisse, Vence, France, 1944 ©Henri Cartier-Bresson/MagnumPhotos/courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson
Page originale du «First Album», 1931 ©Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos/courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson
Page originale du «First Album», 1931 ©Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos/courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson
Page originale du «First Album», 1931 ©Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos/courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson
Italie, 1933 ©Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos/courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson
Page du catalogue de l'exposition «Scrapbook», Steidl, 2006
Page du catalogue de l'exposition «Scrapbook», Steidl, 2006
Vue de l'exposition "Scrapbook", Fondation Henri Cartier-Bresson, 2006

Henri Cartier-Bresson

Scrapbook

du 21 septembre au 23 décembre 2006

Depuis son ouverture en mai 2003, la Fondation HCB poursuit sa mission de conservation et de restauration du patrimoine qu’Henri Cartier-Bresson lui a légué. Le long travail d’inventaire évolue progressivement. Ainsi, après les portraits, la Fondation est heureuse de pouvoir présenter au public un nouveau pan de sa collection, l’un de ses trésors maintenant restauré : le Scrapbook . Cette sélection remarquable de tirages réalisés par Cartier-Bresson lui-même en 1946 constitue une étape très importante dans l’appréhension de son oeuvre, qui n’avait jamais été vue sous cet angle.

 

L’histoire d’un album

En 1943, Nancy et Beaumont Newhall du Museum of Modern Art de New York (MoMA), pensant qu’Henri Cartier-Bresson avait disparu pendant la guerre, préparaient une exposition « posthume » de son travail. Cartier-Bresson, qui s’était évadé et avait obtenu de faux papiers, apprit cette nouvelle avec plaisir en 1945. Il entreprit alors un bilan de son œuvre préparatoire à l’exposition. En 1946, il tira à Paris 346 épreuves, qu’il colla ensuite dans un album – le Scrapbook – à son arrivée à New York, avant de les montrer au MoMA. La plupart de ces photographies étaient inédites à l’époque ; beaucoup sont devenues emblématiques aujourd’hui.

La sélection de Cartier-Bresson rassemble des images réalisées entre 1932 et 1946, notamment à Marseille (où il acquiert son premier Leica) et à Paris ; puis l’Italie, l’Espagne, le Mexique, les années du Front Populaire, le couronnement du roi George VI à Londres, le retour des prisonniers de guerre en Allemagne,… Dans cette sélection, on retrouve également les fameux portraits de peintres français (Matisse, Braque, Bonnard…) ou d’écrivains (Claudel, Sartre, Eluard,…) réalisés pour l’éditeur Braun et pour diverses publications de l’époque. Cette première phase de l’oeuvre de Cartier-Bresson est révélatrice des mouvements visuels qui l’influençaient alors : le surréalisme, qu’il affectionnait particulièrement dans les années 1930, puis le cinéma, qu’il avait étudié en 1935 avec Paul Strand aux Etats Unis, avant de travailler sur les films de Jean Renoir entre 1936 et 1939.

163 images furent sélectionnées et tirées sous son contrôle en plus grand format pour l’exposition au MoMA, inaugurée en février 1947 – quelques mois avant la création de Magnum Photos.

 

L’exposition et le catalogue de la Fondation HCB

Au début des années 1990, conscient de la richesse de cet album, Cartier-Bresson s’y intéressa à nouveau. Il décolla la plupart des tirages pour les protéger (il ne reste aujourd’hui que treize pages montées en l’état d’origine). Les épreuves décollées ont été restaurées avec soin. Cet ensemble inestimable fait désormais partie de la collection de la Fondation HCB.

L’exposition présentée aujourd’hui rassemble 331 tirages réalisés par Cartier-Bresson en 1946 et 15 tirages modernes, certains tirages ayant disparu depuis. La Fondation a également emprunté au MoMA sept agrandissements de l’époque contrecollés sur bois, pour permettre au public de se faire une meilleure idée de l’exposition historique de 1947.

Le livre, publié à l’occasion de l’exposition par Steidl, reproduit le Scrapbook de la manière la plus fidèle, agrémenté de textes et de documents d’époque. Les quelques pages de l’album encore montées indiquent qu’Henri Cartier-Bresson avait organisé les images par sujets et donc de façon chronologique – et non formelle. C’est la méthode qui a donc été suivie pour le déroulé des images, reproduites à leur taille réelle (8 X 12 cm). Les pages montées en l’état d’origine sont réduites de 15%. La présence de courts textes introductifs à chaque partie de l’album permet une information pas à pas, qui fait de ce livre une sorte de biographie illustrée – laquelle s’achève d’ailleurs par les seules photos de « famille » présentes dans l’album.

 

Une étape fondamentale dans l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson

L’exposition du MoMA ouvrit ses portes le 4 février et se termina le 6 avril 1947. La presse rapporta l’évènement avec enthousiasme : Henri Cartier-Bresson y était salué comme un « artiste historien ». Sa liberté de mouvement, l’acuité de son regard et le peu d’attention qu’il portait à la technique fascinaient les Américains. On assistait clairement à l’émergence d’une nouvelle façon de voir.

Henri Cartier-Bresson retrouva alors Robert Capa et David Seymour, et les projets de coopérative photographique, déjà évoqués avant guerre, ressurgirent. Capa disait à Cartier-Bresson : «Attention aux étiquettes! C’est sécurisant. Mais on va t’en coller une dont tu ne te remettras pas : celle de petit photographe surréaliste. Tu vas être perdu, tu vas devenir précieux et maniéré. Prends plutôt l’étiquette de photojournaliste, et garde le reste dans ton petit cœur». Ils créèrent Magnum Photos lors d’une réunion au bar du MoMA (la structure juridique Magnum Photos Inc. sera officiellement enregistrée le 22 mai 1947). Encouragé par l’exposition et la création de Magnum, Cartier-Bresson opta alors pour une «façon de vivre», le «photo-journalisme» que lui proposait Capa, qu’il adaptera à sa façon – davantage au sens du journal intime.

Le «Scrapbook» marque bien un tournant fondamental dans l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson, comme il l’avait lui-même si bien formulé en 1980 dans un entretien avec Hervé Guibert : «J’allais à la recherche de la photo pour elle-même, un peu comme on fait un poème. Avec Magnum est née la nécessité de raconter des histoires».

Partenaires media

Avec le soutien de