Toutes les Expositions
Baie des Anges, 1959 © Bill Brandt Archive Ltd.
Francis Bacon, 1963 © Bill Brandt Archive Ltd.
Halifax, 1937 © Bill Brandt Archive Ltd.
Vue de l'exposition Bill Brandt, Fondation Henri Cartier-Bresson, 2005

Bill Brandt

du 21 septembre au 18 décembre 2005

Le travail du photographe consiste, en partie, à voir les choses plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois, ou celle du voyageur qui découvre une contrée exotique… ils ont en eux une aptitude à l’émerveillement…  – Bill Brandt

La Fondation Henri Cartier-Bresson présente – en collaboration avec le Bill Brandt Archive de Londres – un ensemble très rare de tirages d’époque réalisés par le grand photographe britannique Bill Brandt. Précédemment montré à l’International Center of Photography de New York en 1999 et au Victoria & Albert Museum de Londres en 2004, c’est la première fois que cet ensemble est présenté en France.

Henri Cartier-Bresson disait de Brandt en novembre 1990 : «C’est quelqu’un que j’aimais beaucoup, avec une perception tellement sensible et très affirmée. Les portraits sont remplis de perspicacité avec un grand sens de la forme et des valeurs». Pour l’exposition inaugurale de la fondation, Les Choix d’Henri Cartier-Bresson, il avait choisi de montrer une de ses oeuvres (Jarrow, 1937). Exacts contemporains, ils ont tous deux vécu la période surréaliste, qui les a grandement influencés. Bill Brandt fut l’élève de Man Ray, comme Lee Miller ou Berenice Abbott : «J’ai eu l’immense chance de commencer ma carrière à Paris en 1929. Pour tout jeune photographe, Paris était le centre du monde. C’était la période exaltante où les poètes et les surréalistes reconnaissaient les possibilités qu’offrait la photographie. (…) Les travaux d’Atget étaient enfin publiés. Il était mort méconnu, deux ans auparavant. Brassaï, Kertész et Cartier- Bresson travaillaient également à Paris, comme Man Ray». 

Bill Brandt, d’origine allemande, s’identifia pleinement à l’Angleterre où il vécut la plus grande partie de sa vie. Son oeuvre souvent mélancolique mais extrêmement rigoureuse, s’écoule sur près de cinquante ans et résume à elle seule les quatre grands genres de la photographie – reportage, portraits, nus et paysages. L’exposition rassemble une centaine de photographies noir et blanc tirées par Bill Brandt lui-même – accompagnées de publications, écrits et correspondances de l’époque – reprenant l’ensemble des phases de sa carrière: une première période – influencée par le surréalisme puis par le courant documentaire – rassemble des images de Paris, de l’Europe et de l’Angleterre dans les années 1930 et 1940 : photographies de rue, nuits urbaines inspirées par Brassaï, étude des contrastes sociaux dans l’Angleterre de l’entre deux guerres, les mineurs du nord de l’Angleterre, et Londres pendant le black out.

L’exposition de la Fondation tente de retracer ce parcours intense où, finalement, seule compte la détermination de l’auteur à exprimer son imaginaire. En effet, bien que profondément touché par la situation difficile des mineurs du nord de l’Angleterre ou par Londres pendant la guerre, Brandt n’hésitait pas à composer ses images en faisant poser des modèles : «J’ai souvent l’impression d’avoir déjà vécu une situation présente, et j’essaie de la reconstituer telle qu’elle était dans mon souvenir. » Puis, après la guerre, lassé par le genre documentaire, Brandt retrouve « l’approche poétique » qu’il avait abordée auprès des surréalistes et notamment de Man Ray dont il avait été l’élève à Paris: «Il me semblait qu’il y avait encore d’immenses champs non explorés. Je me suis mis à photographier des nus, des portraits et des paysages».  Son oeuvre est empreinte de mystère et d’étrangeté, de connotations symboliques, à l’image de ses deux films fétiches, Citizen Kane d’Orson Welles et Soupçons d’Alfred Hitchcock.

Bill Brandt va laisser totalement libre court à sa créativité : la théâtralité des paysages ou des portraits, les nus « devenant un paysage imaginaire » (son contemporain britannique Cecil Beaton disait de lui qu’il était « le Samuel Beckett de la photographie ») … Bill Brandt portraitiste demeure très silencieux avec ses modèles. Il repère minutieusement les décors, fidèles à l’idée qu’il se fait du personnage : «Je crois qu’un bon portrait se doit d’exprimer quelque chose qui concerne le passé du sujet et donner à entrevoir quelque chose de son avenir. » Son style va pleinement s’exercer dans les séries de « nus en extérieur», dont la singularité poétique et sculpturale vise à l’infini.

L’oeuvre de Bill Brandt figure aujourd’hui dans les collections les plus prestigieuses du monde, notamment au MoMA à New York, au Victoria and Albert Museum à Londres, ou à la Bibliothèque nationale de France.

Exposition organisée par John-Paul Kernot, directeur du Bill Brandt Archive, gérée par Curatorial Assistance Traveling Exhibitions.

Commissaire de la présentation parisienne: Agnès Sire.