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Edith, Chincoteague Island (Virginie), 1967 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/MacGill Gallery, New York
Edith, Danville (Virginie), 1963 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/MacGill Gallery, New York
Edith, Newtown (Pennsylvanie), 1994 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/MacGill Gallery, New York
Edith au Panama, double Edith et Rothschildia, 2003 © Emmet Gowin, Courtesy of MacGill Gallery, New York
Nancy, Danville (Virginie), 1969 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace /MacGill Gallery, New York
Edith, Noël, Danville (Virginie), 1971 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/MacGill Gallery, New York
Edith et Elijah, Newtown (Pennsylvanie), 1974 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/ MacGill Gallery, New York
La Khazneh vue du Sîq, Pétra (Jordanie), 1985 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/MacGill Gallery, New York
Ancien site de la ville de Hanford sur le fleuve Columbia, complexe nucléaire de Hanford, près de Richland (Washington), 1986 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/MacGill Gallery, New York
Terrain de golf en construction (Arizona), 1993 © Emmet Gowin, Courtesy of Pace/MacGill Gallery, New York

Emmet Gowin

du 14 mai au 27 juillet 2014

Pour moi, les photographies sont un moyen de retenir, intensément, un moment de communication entre un être et un autre.  

 

Du 14 mai au 27 juillet 2014, la Fondation Henri Cartier-Bresson consacre une exposition au photographe américain Emmet Gowin. Cette importante rétrospective présente 130 tirages de l’un des photographes les plus originaux et influents de ces quarante dernières années. Sur deux étages, cette exposition retrace son parcours depuis ses séries les plus célèbres datant de la fin des 1960 jusqu’aux papillons de nuit en passant par les photographies aériennes. Les images intimes de sa femme et de sa famille côtoient les vues de paysages. L’exposition, accompagnée d’un catalogue publié aux éditions Xavier Barral, est organisée par la Fundación MAPFRE, en collaboration avec la Fondation HCB.

Né à Danville (Virginie) en 1941, Emmet Gowin grandit à Chincoteague Island, dans un environnement empreint d’une grande ferveur religieuse. Son père, pasteur méthodiste lui inculque des principes stricts et une discipline rigoureuse, tandis que sa mère, musicienne lui apporte patience et douceur. Pendant son temps libre, émerveillé par la nature qui l’entoure, Emmet Gowin s’adonne au dessin.

Il commence sa formation universitaire en étudiant le commerce pendant deux ans dans une école de la région tout en travaillant au département design du grand magasin Sears. En 1961, il change d’orientation et suit pendant quatre ans les cours d’arts graphiques au Richmond Professional Institute. Il se passionne pour toutes les formes d’art et pratique régulièrement la peinture et le dessin. Après quelques mois de cours, il réalise que la photographie est son meilleur moyen d’expression en lui permettant de saisir le hasard et l’inattendu.

Il puise ses premières influences photographiques dans les livres et les catalogues d’exposition comme Images à la Sauvette d’Henri Cartier-Bresson, History of Photography de Beaumont Newhall ou encore American Photographs de Walker Evans. Emmet Gowin acquiert son premier Leica 35mm en 1962 et après deux années passées à observer le travail des maîtres de la photographie, il décide d’affirmer son style. En 1963, il se rend pour la première fois à New York et rencontre Robert Franck qui l’encourage sérieusement à poursuivre.

Les premiers portfolios d’Emmet Gowin, réalisés à partir de 1965, composés d’images techniquement simples renvoient à des sujets variés, tous inspirés du quotidien : des enfants jouant dehors, des adultes dans la rue ou les parcs, des automobiles et les premiers portraits d’Edith, sa femme depuis 1964.

Edith Morris et Emmet Gowin sont nés dans la même ville mais ils ont grandi dans des familles totalement différentes, la famille d’Edith étant beaucoup plus exubérante et soudée que celle d’Emmet. Ils se sont rencontrés lors d’un bal en 1960 et se sont mariés quatre plus tard. Comme on peut le découvrir au premier étage de l’exposition, Edith et sa famille sont au cœur de l’univers créatif du photographe à partir de 1965. Comme le rappelle Carlos Gollonet, commissaire de l’exposition, toute son œuvre est un miroir de sa vie.

En 1965, il entre en troisième cycle à la Rhode Island School of Design, Providence où Harry Callahan enseigne la photographie. Il commence à utiliser un appareil à soufflet 4×5 pouces. Ce format de négatif plus grand lui permet d’obtenir une richesse et une netteté de détails.

Peu avant la naissance de son fils Elijah en 1967, Emmet et Edith déménagent dans l’Ohio pour qu’Emmet Gowin enseigne au Dayton Art Institute. Ces quatre années passées à Dayton lui ont permis de faire évoluer son style et les images de cette époque se concentrent directement sur Edith. Emmet Gowin nous fait entrer dans son intimité et propose une vision artistique très personnelle : je ne crois pas pouvoir faire des photographies de façon impersonnelle car je me sens concerné et impliqué dans les situations qui m’amènent à faire une photographie ou qui transcendent cet acte. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Frederik Sommer qui devient rapidement un ami et un maître et de Ralph Eugene Meatyard.

À la fin des années 1960, c’est par hasard que Gowin commence à utiliser une lentille 4×5 pouces montée sur un appareil grand format (8×10 pouces) ce qui donne, sur les images, l’impression de regarder par le trou d’une serrure. Gowin saisit sa femme, sa famille et l’arrivée de son deuxième enfant Isaac. Au début des années 1970, il s’impose sur la scène artistique new-yorkaise en exposant à la Light Gallery et au MoMA. En 1973, Emmet Gowin est nommé professeur rattaché au programme d’arts plastiques de Princeton University. Il est par la suite nommé professeur titulaire, poste qu’il occupera pendant 36 ans, inspirant à son tour toute une génération de photographes tels que Fazal Sheikh, David Maisel ou Andrew Moore.

À partir de 1973, Emmet Gowin revient aux sources et s’intéresse à la nature, aux paysages et notamment aux traces pérennes laissées par l’homme et ses activités. Il voyage alors en Europe, notamment en en Irlande et en Italie d’où il ramènera les images de Matera. Sa première monographie Emmet Gowin : Photographs est publiée en 1976. En 1982, invité par la reine Noor de Jordanie, il photographie le site archéologique de Pétra dont certaines images sont présentées dans la vitrine du deuxième étage de l’exposition. Pour pousser plus avant ses recherches sur le paysage, il se lance dans la photographie aérienne, convaincu que vu du ciel, le paysage prend vie sous yeux. Il porte une attention particulière aux paysages dévastés par les catastrophes naturelles comme l’éruption du Mont St. Helens, Washington mais également aux sites dénaturés par l’action humaine comme les mines de charbon à ciel ouvert en Tchécoslovaquie, les exploitations agricoles intensives dans le Colorado ou l’Utah, ou encore les paysages lunaires des sites d’essais nucléaires de Hanford. Ces images ne sont pas un appel à l’action, mais un appel à la réflexion, à la méditation et à l’attention pour avoir un rapport plus intime avec le monde.

Ces dernières années, Gowin, passionné par les insectes, a photographié sans relâche des papillons de nuit en Amérique du Sud. En collaborant avec des biologistes, il a initié un long travail scientifique de recensement des milliers d’espèces vivant dans la forêt tropicale. De manière inattendue, sa femme se retrouve une nouvelle fois au cœur de cette série Papillons de nuit : Edith au Panama qui réunit les deux passions du photographe. En effet, Gowin juxtapose la silhouette d’Edith aux papillons. Le procédé utilisé pour ces épreuves uniques tirées sur du papier fait main et virées à l’or confirme le talent de tireur du photographe.

Emmet Gowin est représenté par Pace/MacGill Gallery, New York.

L’exposition est organisée par la Fundación MAPFRE, en collaboration avec la Fondation HCB.

En partenariat avec Artistik Rezo