du 28 janvier au 3 mai 2026
Lorsqu’en 2003, Henri Cartier-Bresson et Martine Franck créent la Fondation, ils souhaitent en faire un lieu dédié aux photographes de toutes tendances et générations, mais aussi aux « peintres, aux sculpteurs et aux dessinateurs ». Après l’exposition des sculptures d’Alberto Giacometti en 2005, puis des dessins de Saul Steinberg trois ans plus tard, la Fondation renoue aujourd’hui avec cette tradition d’ouverture en faisant découvrir au public les peintures de Romain Bernini. Depuis une vingtaine d’années, cet artiste français, né en 1979, élabore une oeuvre imposante, à la croisée de la figuration et d’une forme d’ésotérisme urbain. Il saisit des moments qui sont autant d’hypothèses. Ses compositions décrivent des situations latentes où des personnages en quête de sens incarnent des sortes d’énigmes vivantes.
La série de tableaux présentée ici pour la première fois est inspirée d’un curieux petit ouvrage du XVIIIe siècle, Giphantie, de Charles Tiphaigne. Guidé par un « préfet », ce voyage dans un pays imaginaire peuplé « d’esprits élémentaires » s’inscrit dans la tradition des récits utopiques. Il permet à son auteur de critiquer la société de son époque, tout en donnant libre cours à son imagination. Publié en 1760, cet opuscule est surtout connu parce qu’il prédit l’avénement de technologies modernes comme la transmission à distance des images et du son, les techniques de télésurveillance, les lentilles de contact, la nourriture lyophilisée, et bien d’autres encore. Mais surtout il décrit, plus d’un demi-siècle avant les tout premiers travaux de Nicéphore Niépce en 1816, et avec près de huit décennies d’avance sur l’annonce officielle de l’invention de Louis Daguerre en 1839, un mode de production d’images qui ressemble déjà à la photographie – on y revient.
Commissaire de l’exposition
Clément Chéroux
Directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson
Né en 1979, Romain Bernini vit et travaille à Paris.
Il crée une oeuvre picturale nourrie de réflexions sur la couleur et l’espace. Sa pratique figurative s’inspire autant du Color Field américain que d’autres traditions artistiques et de la culture populaire. Qu’il s’agisse de scènes énigmatiques, de figures masquées, d’animaux ou d’espaces imaginaires, ses oeuvres invitent à une expérience sensorielle et contemplative, entre réel et utopie.
Romain Bernini est représenté par les galeries Suzanne Tarasiève (Paris) et HdM (Londres et Pékin). Pensionnaire à la Villa Médicis à Rome en 2010–2011, il a participé à de nombreuses expositions en France : Zeugma (conjointement à l’Abbaye Royale et au Musée d’art moderne de Fontevraud en 2025), au MO.CO à Montpellier, au Parvis, centre d’art contemporain à Tarbes, au MUba Eugène-Leroy à Tourcoing, au Tripostal à Lille, au Collège des Bernardins à Paris, au Musée des Beaux-arts de Chambéry, et à l’étranger : au K11 de Wuhan et au 1905 Art Space Shenyang en Chine, à la Daegu Art Factory et au Wooyang Museum of Contemporary Art en Corée du Sud, à l’Institut français du Cambodge à Phnom Penh….
Ses oeuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques telles que le Centre Pompidou, le Centre national des arts plastiques, le musée des Abattoirs de Toulouse, le MAC VAL, le Frac Île-de-France ou encore le Frac – Pays de la Loire. Une grande tapisserie a été tissée à partir d’une de ses oeuvres à la Cité internationale de la Tapisserie d’Aubusson.
Il enseigne depuis 2023 à l’École