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Eleanor, Chicago, 1953 ©The Estate of Harry Callahan Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York
Cape Cod, 1972 ©The Estate of Harry Callahan Courtesy MEP, Paris
Cape Cod, 1972 ©The Estate of Harry Callahan Courtesy MEP, Paris
Chicago, ca. 1949 ©The Estate of Harry Callahan Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York
Detroit, 1941 ©The Estate of Harry Callahan Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York
Eleanor, ca 1947 ©The Estate of Harry Callahan Courtesy MEP, Paris

Harry Callahan

Variations

du 7 septembre au 19 décembre 2010

Je voulais voir combien de photographies différentes je pouvais rassembler en jouant avec les variations d’une même idée. (1)

La photographie est une aventure, tout comme la vie est une aventure. Si une personne veut s’exprimer photographiquement, elle doit absolument comprendre sa propre relation à la vie. (2)

Harry Callahan (1912-1999) commença à photographier littéralement pour s’amuser, d’abord fasciné par la beauté des instruments.

L’exposition, organisée dans le cadre du trentième anniversaire du Mois de la Photo, rassemble plus d’une centaine de tirages noir et blanc, réalisés par l’auteur et provenant de collections publiques, la Maison européenne de la photographie (Paris) et le musée d’Art moderne (New York), de la Galerie Pace/MacGill représentant la famille, et d’une collection privée. Cette présentation permet de découvrir les thèmes de prédilection du photographe – la ville, sa famille et la nature, trois axes intimement liés à sa vie personnelle, qui vont se conjuguer jusqu’à la fin.

La ville, essentiellement les passants, perdus dans leurs pensées , à Detroit, Chicago et Providence ; sa femme Eleanor et leur fille Barbara, la nature, bien souvent des paysages ou des détails sans ciel, à l’exception de son travail à Cape Cod. Pas du tout intéressé par les récits en images, Callahan est le photographe de l’intuition, de la foi absolue dans le médium photographique. Ses obsessions intimes récurrentes constituent le rythme essentiel de son œuvre : J’avais envie de revenir sans cesse aux mêmes idées, sachant qu’elles seraient différentes tout en étant les mêmes. (3)

Né en 1912 à Détroit, Harry Callahan étudie les mathématiques pendant une année à l’université de Lansing, (Michigan). Il rencontre et épouse Eleanor Knapp en 1936 et, pour subvenir aux besoins de sa famille, accepte un emploi aux usines Chrysler. Il achète son premier appareil photo en 1938 et adhère au photo-club de Detroit. Autodidacte talentueux, Callahan découvre, fasciné, le travail d’Ansel Adams lors d’une conférence organisée en 1941. Cette rencontre bouleverse sa manière de photographier, cela m’a complètement libéré . D’abord pratiquée comme un loisir, la photographie devient pour Callahan une véritable addiction, un moyen pour apprendre à se connaître et découvrir le monde. C’est pour cette raison qu’il s’intéresse aux sujets qui lui sont proches, comme sa femme mais également la nature et la ville. Bien que la fin des années trente ait vu l’éclosion de la photographie engagée et la multiplication des supports qui offraient des tribunes (et aussi des emplois) aux reporters, Callahan se considère comme pas concerné (unconcerned) : il n’est pas un raconteur d’histoires (story teller), il n’y a pas de récit photographique dans son travail, mais une tentative compulsive de donner forme à son expérience intérieure. L’acte photographique se résume pour moi à être au bon endroit au bon moment en fonction de mon humeur (4). En apparence très formelles, ses images ont en fait une puissance émotionnelle profonde.

En 1946, il commence sa carrière d’enseignant de photographie presque malgré lui, à l’ Institute of Design de Chicago puis à la Rhode Island School of Design de Providence. Pendant trente ans, en se basant sur son expérience et son œuvre, il apprendra à ses élèves à photographier autrement, à rechercher la pureté d’une expression. Au fil des ans, il se lie d’amitié avec des artistes comme Mies Van der Rohe, Edward Steichen, Aaron Siskind, Hugo Weber qui ont beaucoup compté dans sa vie et son travail. Pendant plus de soixante ans, Callahan s’est concentré sur les mêmes sujets. Il était un pur croyant du médium, il avait foi en la photographie. Patient, méthodique et concentré, il allait jusqu’au bout d’une idée pour obtenir la photographie désirée. Il s’est essayé à plusieurs techniques comme les multi-expositions ou les collages. À partir de 1977, il travaille exclusivement en couleur. Distingué par de nombreux prix et bourses, il termine sa vie à Atlanta et décède en 1999.

Le catalogue de l’exposition, publié en français par Steidl est enrichi d’une introduction à l’œuvre de Harry Callahan écrite par John Szarkowski en 1976 et d’un essai de Callahan sur sa photographie traduits pour la première fois en français.

L’exposition est organisée dans le cadre du Mois de la Photo à Paris.

Citations originales de Harry Callahan

(1) I wanted to see how many kinds of pictures I could put together using variations on an idea . Cité dans « Nude: Theory », Lustrum Press, 1979, p. 30

(2) Photography is an adventure just as life is an adventure. If man wishes to express himself photographically, he must understand, surely, to a certain extent, his relationship to life. Cité dans « Minicam Photography », Vol.9, 1946

(3) I just had the feeling that I wanted to keep going back to the same ideas, knowing that they would be different, yet still the same. 1977, cité dans « Photographer at Work », Center for Creative Photography, 2006, p. 50

(4) Much of my picture-making has had to do with being in the right situation at the right time for the way I was feeling. Cité dans « Landscape Theory », Lustrum Press, 1980